16 millions. Ce n’est pas la taille d’une ville, mais le nombre de personnes nées à l’étranger recensées en Allemagne en 2022. Un chiffre qui dépasse de loin tous les autres États membres de l’Union européenne. La France, l’Espagne, l’Italie suivent, mais les proportions et les dynamiques, elles, racontent des histoires bien différentes.
Regroupement familial, besoins du marché du travail, accueil de réfugiés : chaque pays compose sa partition migratoire, et les écarts se creusent d’année en année, malgré les déclarations ambitieuses sur une harmonisation européenne.
Comprendre qui sont les immigrés en Europe aujourd’hui
Parler d’immigrés en Europe, c’est évoquer un ensemble aux contours mouvants. Selon Eurostat, on désigne ainsi toute personne née hors du pays où elle vit, qu’elle ait ou non acquis la nationalité locale. Cela englobe des profils très différents : expatriés, réfugiés, étudiants venus de loin, travailleurs détachés, familles réunies après des années de séparation.
Les flux migratoires récents dessinent une Europe composite. Les dernières années ont vu l’Union européenne accueillir davantage de personnes venues d’ailleurs, sous l’effet combiné de crises internationales, de besoins démographiques, mais aussi des stratégies économiques nationales. Les recensements Eurostat de 2022 placent l’Allemagne, la France, l’Espagne et l’Italie en tête du classement par nombre de personnes nées à l’étranger.
Voici quelques chiffres pour se repérer dans ce paysage :
- En Allemagne, plus de 19 % des résidents sont d’origine étrangère, avec une progression nette des ressortissants non-européens.
- La France affiche 7,7 millions de personnes nées à l’étranger, ce qui représente près de 12 % de sa population, d’après Eurostat.
- L’Espagne avoisine les 15 %.
Selon les instituts de statistiques nationaux, la manière de compter diffère parfois, mais la tendance générale ne trompe pas : l’Europe attire, et la diversité des origines, des parcours, des projets façonne la réalité migratoire du continent. Statuts administratifs, motifs de migration, anciens et nouveaux arrivants composent un ensemble complexe et évolutif.
Quels pays européens accueillent le plus d’immigrés ?
Regardons les chiffres de plus près : l’Allemagne s’impose comme le pays qui accueille le plus d’immigrés dans l’Union européenne. Près de 16 millions de personnes nées à l’étranger y vivent, d’après la dernière extraction Eurostat. L’écart avec les autres pays est significatif. Derrière, la France compte environ 7,7 millions d’immigrés sur son sol, soit près de 12 % de la population. L’Espagne suit avec 7,4 millions (plus de 15 %), puis l’Italie, à 6 millions.
| Pays | Population immigrée (en millions) | % de la population totale |
|---|---|---|
| Allemagne | 16 | 19 % |
| France | 7,7 | 12 % |
| Espagne | 7,4 | 15 % |
| Italie | 6 | 10 % |
Mais derrière ces totaux, chaque pays trace sa route. L’Europe centrale et orientale, par exemple, recense beaucoup moins d’immigrés, preuve d’une attractivité moindre ou de politiques migratoires plus restrictives. À l’ouest, la densité de personnes nées à l’étranger dessine une autre géographie : Berlin, Paris, Madrid, Milan résonnent comme des capitales cosmopolites, là où coexistent rencontres, frottements, et parfois tensions. La vie quotidienne y est marquée par cette diversité ; les débats aussi.
Les grandes tendances : évolution, profils et répartition des populations immigrées
Les flux migratoires en Europe n’ont plus grand-chose à voir avec ceux des décennies passées. Aujourd’hui, les nouveaux venus sont souvent plus jeunes, et la majorité provient désormais de pays extérieurs à l’Union européenne, avec une présence de plus en plus marquée de ressortissants d’Afrique du Nord, du Proche-Orient ou d’Asie. Mais la distribution reste déséquilibrée : l’ouest de l’Europe concentre largement les arrivées, tandis que l’est accueille moins de nouveaux résidents.
Si l’on regarde de plus près les profils, on constate :
- Des situations très diverses : familles installées depuis longtemps, nouveaux arrivants, travailleurs saisonniers, étudiants internationaux…
- Des évolutions marquées : la part des femmes progresse, le niveau d’études s’élève, les parcours de vie deviennent plus variés et complexes.
Les chiffres révèlent aussi des trajectoires d’intégration différentes. En France, près de 40 % des immigrés ont acquis la nationalité française, selon les derniers recensements. En Allemagne et en Espagne, beaucoup s’intègrent par le travail ou les études, participant à la dynamique économique et sociale.
Répartition géographique et changement de profils
Les grandes villes européennes sont en première ligne. Paris, Berlin, Madrid, Milan, Londres : ces métropoles vibrent au rythme de la diversité, qui façonne leur tissu social et urbain. Mais la tendance ne s’arrête plus aux portes des villes. Certains territoires ruraux, portés par l’agriculture ou l’industrie, attirent aussi de nouveaux venus, redessinant la carte migratoire à l’échelle locale.
Impact économique, social et politique d’immigration : des approches nationales contrastées
La manière dont chaque pays aborde la question migratoire produit des effets très différents. L’impact sur l’emploi, par exemple, varie nettement d’un territoire à l’autre. En Allemagne, les immigrés jouent un rôle central dans des secteurs sous tension comme la santé ou le BTP. En France, d’après l’INSEE, ils représentent près de 10 % des habitants, et leur accès progressif à la nationalité française s’accélère.
Les politiques de titres de séjour s’ajustent en fonction des besoins locaux. Certains pays ouvrent grand les portes de l’emploi lorsque la main-d’œuvre manque ; d’autres, comme l’Italie ou l’Espagne, ont alterné entre régularisations massives et durcissements, suivant le cycle économique. Et il existe des cas particuliers, comme Mayotte, où la pression migratoire atteint des niveaux inédits par rapport au reste de la France métropolitaine.
Dans le débat public, l’intégration sociale devient un sujet brûlant, nourri par des chiffres souvent instrumentalisés selon le point de vue. Les politiques varient, les discours s’affrontent, et chaque nation tente de trouver un équilibre entre besoins économiques, impératifs de sécurité et respect des droits fondamentaux. Mais la mosaïque européenne, elle, continue de s’enrichir, d’évoluer et de faire débat.
Quand la statistique devient expérience vécue, quand la ville se transforme au gré des parcours venus d’ailleurs, reste la question ouverte : comment l’Europe façonnera-t-elle demain ce visage en perpétuel mouvement ?


